jeudi 21 avril 2011

"420" : Let's celebrate marijuana

What's the day today ? Today is the Weed Day... À Vancouver, le 20 avril est une date que les amateurs de fumette cochent sur leur calendrier et attendent d'une année à l'autre. C'est à cette date que se tient le "Four Twenty" ou "420", "4:20", "4/20"... Une journée pendant laquelle des milliers de personnes célèbrent la marijuana dans la ville. Réunis devant la Art Gallery ils se démontent joyeusement les neurones dans une ambiance de kermesse.  Le nuage de fumée qui flotte au dessus de la foule est tellement épais qu'on a du mal à distinguer la scène ou les groupes et activistes locaux se succèdent pour réclamer la légalisation du cannabis. Le gouvernement Canadien a déjà fait un premier pas en distinguant l'usage médical du cannabis avec la possession simple de cannabis.

Je n'ai malheureusement pas pu me rendre à cette manifestation qui aurait été je crois, journalistiquement intéressante. J'avais un entretien sur skype avec un journal à Edmonton en fin d'après midi et je ne suis pas certain qu'arriver déglingué à l'insu de mon plein gré devant mon écran en souriant bêtement aux questions de mon interlocuteur aurait été une bonne chose.

Dans une ville qui sent la beuh à chaque coin de rue, où les boutiques consacré à tout ce qui touche de près ou de loin à la fumette pullulent et où l'on a bien plus de chance de se faire arrêter avec une bière
plutôt qu'un pétard à la main, l'événement déplace les foules et représente un moment important du calendrier "culturel".

C'est dans une ambiance bon enfant, largement encadré par la police que tout un chacun a pu faire son marché dans les différents stands dressés pour l'occasion et acheter son herbe vendus dans des petits sachets plastiques pour 10 dollars (à peine 7 euros) à "consommer sur place ou à emporter", c'est selon. Ces mêmes sachets plastiques qui rendent fous les douaniers et qui vous donne droit à une fouille au corps, un désosage de la voiture, un tour de panier à salade avec les menottes, et une nuit en garde à vue en France... Nous on a le Beaujolais nouveau, ici c'est le "420".



Il y a des jours comme ça...

Par où commencer ? Il y a des jours comme ça ou l'on a l'impréssion que les choses avancent d'elles-mêmes. On sait qu'on s'est bougé pour ça, que c'est pas dû totalement au hasard mais quand même, on est toujours un peu étonné que ça fonctionne... Alors on en profite.

Ça fait six semaines pile que je suis arrivé à Vancouver et je peux déjà faire le constat suivant :

-J'ai signé deux articles publiés dans deux journaux locaux (L'Express du Pacifique et La Source)

-J'ai été l'invité de Radio Canada hier matin pour parler justement d'un de ces articles et représenter mon journal.

-J'ai eu un entretien ce soir avec un journal francophone d'Edmonton dans l'Alberta.

 -J'ai un autre entretien prévu la semaine prochaine avec les responsables d'un gros projet fédéral qui consisterait à superviser l'élaboration d'une plate forme multimédia et dispenser des formations en journalisme auprès des jeunes francophones de la province du Manitoba (plus grande que l'exagone).

D'un autre côté c'est heureux car je suis au chômage technique (ou pas) depuis deux semaines et ça commence à devenir lassant...

Je reviens un peu sur La Source, journal gratuit et bilingue fondé par Mamadou Gangué, ancien journaliste installé depuis 17 ans à Vancouver. Si j'étais sceptique au début à l'idée d'y bosser gratos, je dois-dire que j'ai vite compris que c'est au contraire une formidable rampe de lancement pour les journalistes qui, comme moi, sont désireux de se forger une première expérience canadienne, quasi obligatoire si on veut décrocher un job ici. (Bon j'avoue que j'en ai pas eu besoin dans mon cas personnel pour décrocher mes entretiens mais c'est la norme). J'ai donc couvert la fashion week de Vancouver pour La Source et voici le rendu :



Cerise sur le gâteau, on m'a proposé de représenter le journal et de parler de ma vision de cette fashion week en tant que journaliste "européen" (la nuance est importante) dans l'émission Phare Ouest sur Radio Canada. L'émission est diffusée dans l'ensemble de la Colombie-Britannique et le Yukon.
Je me suis donc retrouvé dans les studios de la radio devant un micro et j'ai causé dans le poste, chose qui ne m'était pas arrivé depuis ma formation en école de journalisme. Et à l'époque je brillais pas par mes qualités radiophoniques...
Cette fois, certainement parce que ça n'était pas dans un cadre scolaire, j'ai beaucoup aimé l'expérience et j'en redemanderais presque. En fait si, j'en redemande. Dîtes ? C'est possible d'avoir un peu de rab', siouplé ?


http://www.radio-canada.ca/regions/Colombie-Britannique/emissions/emission.asp?pk=1190


mercredi 13 avril 2011

Vancouver Fashion Week, "L'Incruste" part 1

Chômage technique oblige en attendant que mes missions d'intérim reprennent. Je collabore avec un journal bilingue de Vancouver qui s'appelle La Source. Le principe est très simple, tu bosses bénévolement et t'es rémunéré en hypothétique "contacts que tu peux te faire rapidement dans le milieu", dixit le rédac chef. Mouais... J'aime pas trop le principe mais ça me coûte pas grand chose, j'ai un peu qe ça à faire et c'est bon pour le CV coco donc j'ai dit banco. Me voilà donc envoyé spécial de The La Source à la 10ème Fashion week de Vancouver. Tout un programme. "T'as mission est de rencontrer le gotha de la mode Vancouveroise, ceux qui font la pluie et le beau temps et de dresser un portrait objectif et critique du monde de la mode à Vancouver". Heu...OK ! Gotha de la mode Vancouveroise ça fait tout de suite rire mais bon, soit... Je vais jouer les chroniqueurs mondains toute la semaine, y'a pire pour occuper ses soirées.
Aussi tôt dit, aussitôt fait, j'ai d'abord commencé par demandé une accréditation presse pour toute la semaine...et puis en fait non, tiens, deux accréditations parce qu'une incruste c'est toujours plus sympa à plusieurs. J'ai donc convié un pote à venir jouer les photographes de presse et voilà, on donne les mots qui vont bien : "french journalist" ça sonne toujours bien avec "mode" ou "gastronomie", du coup aucune difficulté pour récupérer les sésames hier soir et en route pour la soirée de gala d'ouverture dans un hôtel très chic du centre de Vancouver. Côté déguisement, j'ai lâché le pantalon de charpentier, les grolles de sécurité et le sweat-shirt pour une tenue un peu plus classe histoire de "paraître" présentable et roule ma poule.
Comme le disait un camarade de lycée, "il ne faut jamais perdre une occasion de se la péter". J'ai toujours aimé cette aphorisme, et je rajouterais, "se la péter en société", c'est plus drôle.
J'avoue qu'avec tous ces gens bien habillés qui forment ce qui doit ressembler au "gotha" de la mode à Vancouver, j'ai un peu l'impression d'être un escroc dans cette ambiance Ferrero Rocher, où c'est pas l'ambassadeur qui reçoit mais le vice-consule des Pays-Bas... On a les VIP qu'on peut.

Côté taf, attention j'ai bossé mes angles, faut pas déconner...

Vancouver a-t-elle des ambitions de devenir une des capitales de la mode?
Quels sont ses atouts et ses faiblesses..
Y aurait-il un travail de pédagogie de la mode pour sensibiliser Monsieur et Madame tout le monde à se mettre au diapason des nouvelles tendances en la matière.
Quel rôle jouerait géographiquement sa proximité avec l’Asie dans son ascension?
Étant situé aux antipodes de l’Europe, cela nuirait-il aux chances de Vancouver de se faire accepter dans le club select des grandes capitales de la mode?
Quelle place la diversité culturelle de la ville en conjonction avec le brassage des cultures jouent-ils et joueront-ils dans l’émergence future de Vancouver comme une des prochaines destinations de la mode.










vendredi 8 avril 2011

Wharehouse rock (la suite)

Je profite de la fin de ma mission intérimaire pour m'arrêter un peu sur cette expérience malgré tout enrichissante. J'étais jusqu'à il y a peu manutentionnaire dans un entrepôt de Richmond, ancien quartier excentré au sud de Vancouver, devenu aujourd'hui une véritable commune. C'est là que depuis une quinzaine de jours, je me rends après une bonne demi heure de skytrain pour une journée de travail de 8 heures (de 10 am à 6h30 pm). Je bosse dans un entrepôt comme il est existe des dizaines dans cette partie industrielle de la ville, qui appartient à l'un des leader mondial de la distribution de matériel informatique. Je ne sais si vous connaissez la série, The Office, mais imaginez-vous les commerciaux qui bossent à la com' dans un bureau et derrière la cloison y'a nous. 

Mon job est d'être un "picker", comprendre celui qui va chercher les éléments de la commande. En clair, vous commandez une imprimante, un toner, une house pour votre I-pad, un écran 21 pouces et pourquoi pas une câble USB...et bien avant que le colis n'arrive chez vous, il y a d'abord un mec, en l'occurrence moi, qui doit réunir tous les "items" sur un charriot et qui les envoient ensuite aux autres mecs qui s'occupent d'empaqueter tout ça. 
Donc mon job c'est de marcher inlassablement (enfin si, c'est super lassant en fait) entre les "rayons" muni de mon pistolet à code barre et de flinguer toute les étiquettes qui passent à ma portée.

Je ne m'étalerais pas sur le côté technique de ce job... C'est vrai, je pourrais vous expliquer comment bien scanner un produit en inclinant comme il faut le laser infrarouge par exemple, ou comment assembler une boîte en carton pré-formée. Ou encore comment poser une étiquette sur un colis...(pas si facile).

Je pourrais m'étendre sur tout ça, mais...non. Si vous êtes encore là, c'est que vous êtes déjà bien courageux. En revanche, je parlerais plutôt de cette petite expérience en elle-même. Cette expérience de "working class (hero)" qui me permet de voir un Canada que je ne verrais pas forcément sinon.

Donc en gros pendant 15 jours j'avais mon petit rituel, skytrain, marche de 10 minutes au milieu des entrepôts, je passe à mon casier et je me déguise. À peine le temps d'échanger 3 mots avec tes co-worker... J'enfile mes chaussures de sécurité qui me défoncent les chevilles, mon gilets fluo histoire de ne pas me faire écraser par un fenwick, je glisse ma main droite dans une espèce de machine toute zarbi qui me reconnait instantanément et c'est parti pour huit heures. Ah oui, j'oubliais le principal. J'éteins mon cerveau et je le laisse dans mon casier...

Faut que ça tourne, pas de temps à perdre, le temps c'est de l'argent, productivité ! 



Tu parles plus de 2 minutes sans être à fond et t'as ton boss, très sympa au demeurant qui te propose aimablement de reprendre le taf... poliment...PRO-DUC-TI-VI-TY.

Outre le fait de bosser huit heures par jour, seul face son pistolet laser dans un entrepôt sans réellement parler avec ses collègues, cette expérience m'amène à voir une autre réalité du Canada, et de voir surtout une facette du pays qu'on n'imagine pas forcément.

Je dirais pour résumer que l'équipe avec qui je travaille est à l'image du Canada d'aujourd'hui. Exit le cliché du Canucks en chemise de bûcheron born and raised in Canada.  Où je travaille, excepté le manager, aucun de mes collègues n'est né au Canada. Ils viennent des Philippines principalement, de Chine, du Chili, de l'Inde (les seuls qui défient Bryan Adams avec "leur" propre radio, branché  en prise direct avec une radio indienne), d'Ukraine ou de Roumanie... sans compter mes deux potes Irlandais, intérimaires comme moi. Ils ne sont pas forcément encore citoyens mais le deviendront et ont déjà le drapeau Canadien sur leur voiture... Ici on ne force pas les gens à "devenir" Canadien, ils le deviennent d'eux-même, d'autant plus qu'on ne leur impose aucun moule en leur rappelant sans cesse leurs origines... 

Et quand vient le soir, que les camions arrivent pour prendre les chargements, j'échange quelques plaisanteries avec les chauffeurs qui sont d'origine Croates, Sikhs ou Hongrois.

Ah oui, et puis il y a un rituel auquel on doit tous se plier, tu ne peux pas sortir de l'entrepôt sans passer au détecteur de métal, chaussures comprises. J'ai beau expliqué que tu peux difficilement planquer un photocopieur dans une chaussette, rien y fait. "C'est la procédure !" me répond la dame de la sécurité avec un accent Ukrainien à couper au sabre de Cosaque.  Je ne peux m'empêcher de l'imaginer en gardienne de goulag...

Dernière au sujet de la productivité...  Le rendement de chaque "picker" est enregistré sur le serveur de l'entreprise et ça sort sous la forme d'un pourcentage. On est censé cliquer un minimum de tant par heure, sinon on est pas assez efficace... Pour l'instant je dois faire l'affaire mais je suis loin d'être un as.

Dernière chose, mercredi dernier je me fais appeler par le contre-maître, j'avais fait une erreur. J'ai envoyé 3 cartouches d'imprimante rose au lieu de 2 dans un colis de plus de 150 unité. Une erreur donc mais j'ai dû signer un formulaire comme quoi "Pierre Verrière est conscient de son erreur et s'engage à être plus vigilant dans sa tâche....". On peut pas être plus carré, je pense...

Bref, c'était un post chiant pour parler d'un taf chiant. La prochaine fois je vous parlerais de la première Vancouver Fashion week que je couvrirai la semaine qui vient en full-access pour un journal bilingue de Vancouver (bénévolement, mais ça c'est une autre histoire...), ce sera un autre décor.

mardi 5 avril 2011

Un après-midi à l'Empire Field, "home of the Whitecaps"

Les "Whitecaps" du FC Vancouver contre le Sporting Kansas City... Sur le papier, ça sonne comme une rencontre de basket universitaire du samedi soir. Mais non, c'était samedi après-midi à l'Empire Field Stadium et on parle de ce bon vieux football. Pardon, du soccer... Et c'est une affaire sérieuse au pays du hockey, du curling et lacrosse (au passage le sport national du Canada c'est pas le hockey mais bien le Lacrosse).

Bon disons le tout de suite, si ça en jette sur le papier, sur le terrain en revanche, on est plus proche de la CFA2 que de la Ligue des Champions. (Le genre de commentaire à éviter de sortir à un Canadien si on va passer pour un horrible Français pédant...n'empêche que...Bref !)

Mais là n'est pas l'intérêt de l'événement, ni de ce modeste billet. Non. Ce qui est intéressant c'est de voir que l'on assiste depuis quelques années à un grand retour du soccer en Amérique du Nord qui avait connu sa période de gloire au milieu des années 70 avant de rapidement péricliter dès les années 80 car la greffe n'arrivait pas à prendre au pays du Superbowl. En 1994, la FIFA imposait aux États-Unis, alors pays organisateur de la Coupe du Monde de football, de créer un championnat Nord-Américain. Ce qu'ils ont fait en trainant des pieds et sans trop y croire... Depuis, le soccer a reprit très timidement des couleurs et les franchises ont commencé à se créer ou plutôt à renaître de leur cendres car nombre d'entre-elles étaient en sommeil depuis des années, faute de sponsors...et de véritable public.
C'est justement le cas du FC Vancouver crée en 1974 mais qui a officiellement repris vie en mars dernier à l'occasion d'une rencontre historique contre le Toronto FC, l'autre franchise Canadienne à évoluer dans la Major League Soccer (le championnat nord-américain de soccer, l'équivalent de la NBA en basket ou de la NFL en football américain). Portée par des anciennes gloires des White caps reconvertis en business men et par Steve Nash, unique star canadienne de la NBA et co-propriétaire de la franchise, l'équipe est devenue la nouvelle attraction de la ville. Et ses dirigeant comptent tout faire pour qu'elle rejoigne les Vancouver Canucks (la mythique équipe de hockey) dans le cœur des Vancouverois.
Vu d'Europe ça peut faire drôle au premier abord, de voir un club monté de toute pièce, sans véritable  histoire ni traditions et autour duquel on veut créer un esprit supporter... Tout cela fait un peu artificiel et en même temps ça fonctionne.

Au loin, on aperçoit les white caps qui dominent Vancouver... Sur le terrain, face au Sporting Kansas City, ce fut une autre histoire.



Après s'être pris un but à la dernière minute de la première mi-temps, les Whitecaps on en repris deux autres dans la deuxième mi-temps avant d'en planter enfin un puis deux, coup sur coup à la 90ème minutes. Y'a que dans Olive et Tom qu'on voit ça...


Samedi dernier, à l'Empire Field, la nouvelle maison des "Whitecaps" on était entre 2 et 3000 à taper du pied dans les travées style Furiani du stade annexe. Voisins d'un parc d'attraction avec ses montagnes russes, le stade et son équipe de foot en sont une parmi d'autres. Bientôt, il s'agira d'occuper les 32 729 places du stade principale, actuellement en rénovation. On verra à ce moment là, si la folie soccer s'est véritablement emparés de Vancouver et si les fans continueront de venir au stade même l'équipe ne décolle pas du classement. Pour l'heure, c'est vraiment sympa de voir des gens venir au stade en famille, arborant, casquette, maillot, écharpe aux couleurs des "Whitecaps", bleu marine et blanc...y'en a même qui se pointe avec leur inusable maillot de hockey des "Canucks", preuve qu'ici on soutien avant tout la ville avant de soutenir une équipe de foot. 

Côté moyens mis en œuvre, ça donne un peu le vertige compte tenu du niveau de jeu réel... Tous les matchs sont retransmis à la TV et le merchandising tourne à plein régime.


D'autres franchises canadiennes devraient voir le jour dans les années à venir dont prochaine en date devrait être L'impact de Montréal pour la Conférence Est. Et pourquoi pas, à terme un championnat canadien... C'est très loin de se réaliser mais on peu rêver. En attendant, moi, je retournerai volontiers soutenir les "Monts Blancs"...

D'façon, un supporter sans écharpe, c'est pas un vrai supporter...